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Ultra-cyclisme sans arrivée : mon récit sincère de Badlands 2024

Chaleur, épuisement et limites mentales : l’ultra-cyclisme commence dans la tête – et c’est aussi là qu’il peut se terminer.

800 kilomètres et 15 000 mètres de dénivelé avec un vélo de gravel à travers le désert espagnol, sans assistance – je voulais savoir jusqu’où je pouvais aller. À la fin, la leçon la plus importante n’est pas venue de l’arrivée, mais de la décision de lâcher prise.

Badlands est l’une des épreuves d’ultra-distance les plus dures d’Europe. Une aventure qui met à l’épreuve non seulement les limites physiques, mais surtout mentales. Cela signifie chaleur extrême, solitude et beaucoup de persévérance. Celles et ceux qui prennent le départ ici se mesurent avant tout à eux-mêmes.

Je voulais découvrir si j’étais à la hauteur de ce défi. Si j’avais la persévérance nécessaire pour lutter pendant des jours à travers des déserts poussiéreux et des ascensions raides. Ce récit raconte ma tentative d’affronter mes propres limites – et ce qui se passe lorsqu’elles arrivent plus tôt que prévu.

Une jeune femme pose avec son vélo gravel sur une hauteur, devant un paysage montagneux espagnol. Le ciel est sans nuages.
Une jeune femme pose avec son vélo gravel sur une hauteur, devant un paysage montagneux espagnol. Le ciel est sans nuages.

Instantané du social ride, la veille du départ. © Photo: privat

L’événement : Badlands

Badlands est un événement d’ultra-cyclisme en autonomie en Andalousie, en Espagne. Le parcours s’étend sur 800 km avec 15 000 mètres de dénivelé, dont 85 % hors route. Il traverse les déserts de Gorafe et de Tabernas, longe la côte du Cabo de Gata et grimpe dans les montagnes de la Sierra Nevada. C’est moins une course qu’un défi personnel : dépasser ses propres limites.

Le rêve et les doutes : pourquoi j’ai pris le départ de Badlands 2024

La décision de participer à Badlands est tombée le dernier jour des inscriptions. L’idée était venue de mes amis, pendant notre voyage de bikepacking en Italie l’été dernier – à mes yeux à la fois naïve et un peu démesurée. Je n’étais pas certaine qu’ils mesuraient vraiment l’ampleur de l’entraînement qui nous attendait. Le cyclisme n’est pas un sport qu’on peut pratiquer juste avec une bonne condition générale : l’endurance, ça se construit – kilomètre après kilomètre. Après deux ans à vélo, je me considère encore comme une débutante.

Finalement, je suis la seule de nous à obtenir un dossard – probablement parce que je suis une femme. Beaucoup d’organisateurs réservent volontairement des places aux femmes pour augmenter leur faible taux de participation dans les événements cyclistes.

En une semaine je devais trancher. Badlands n’était pas mon idée, et je savais qu’une bonne préparation serait nécessaire. L’envie était là – mais aussi beaucoup de respect. Pourtant, un voyage de trois mois en bikepacking en Nouvelle-Zélande m’attendait, qui allait m’apporter de la routine et de l’expérience. Alors j’ai dit oui.

Vue d’ensemble d’un paysage d’érosion dans le désert espagnol. On distingue des bandes dans les falaises, dues à la stratification de roches de couleurs différentes. Le ciel est d’un bleu sans nuages.
Vue d’ensemble d’un paysage d’érosion dans le désert espagnol. On distingue des bandes dans les falaises, dues à la stratification de roches de couleurs différentes. Le ciel est d’un bleu sans nuages.

Badlands séduit par son paysage unique. © Photo: privat

Préparation : entre perfectionnisme et procrastination

Entraînement

Mon entraînement a commencé avec l’inscription en novembre – neuf mois de préparation. J’ai démarré avec un plan sur Zwift, mais j’ai fait une pause fin décembre à cause du surmenage. Ce n’est qu’avec le voyage de trois mois en bikepacking en Nouvelle-Zélande, à partir de fin janvier, que j’ai retrouvé un vrai rythme.

À mon retour de l’autre bout du monde en avril, j’ai entamé mon premier vrai bloc d’entraînement, en vue d’une cyclosportive fin mai. Ensuite, pour la première fois, j’ai mis Badlands au centre – sauf que je ne savais pas par où commencer. Je n’avais aucune expérience avec un entraînement cycliste structuré. Alors j’ai choisi, via TrainingPeaks, un plan de 12 semaines pour des courses de gravel – en réalité pensé pour des épreuves plus courtes comme la Traka ou l’Unbound.

La mise en pratique du plan a laissé à désirer. Pas à cause d’obstacles légitimes – mais par manque de motivation. Semaine après semaine, ma résistance intérieure grandissait et je perdais le plaisir de pédaler. Mon hobby a soudain pris des airs d’obligation. Finalement, j’ai peut-être respecté 65 % du plan.

Conseil : s’entraîner à deux pour plus de motivation

Pour certaines, cela va de soi : quand la motivation baisse, un·e partenaire d’entraînement peut faire des merveilles. Le cyclisme ne doit pas forcément signifier pédaler 15 heures par semaine en solitaire. Selon la séance, ça vaut la peine de fixer un rendez-vous avec des ami·e·s et de vous engager mutuellement.
Si tu t’entraînes de façon stricte selon ta fréquence cardiaque, tes watts ou un plan rigide, parle-en d’abord avec ton/ta partenaire – ainsi les sorties restent efficaces et tu trouveras de la compréhension en face.

Le perfectionnisme face à la réalité : le poids de la préparation

Mes objectifs ambitieux et mes ambitions élevées, combinés à la procrastination due au stress, ne font pas bon ménage. À l’approche de l’événement, je me sens de moins en moins bien préparée et équipée. Je n’ai pas assez roulé et, en même temps, je repousse sans cesse les choses essentielles. Et il reste encore beaucoup à faire :

  • Faire un bike fitting et finaliser/tester le set-up
  • Organiser le voyage en camping-car
  • Planifier la stratégie de nutrition et l’itinéraire

En théorie, tout est parfait – mais en pratique, je sais que ce sera différent. Je sais combien de glucides j’ai besoin à quel moment et combien de kilomètres je veux parcourir chaque jour – mais pendant la course, tout se passera autrement.

Un vélo gravel gris et noir vu de profil côté droit. Le vélo est équipé de sacoches et d’un système d’hydratation. Il est posé sur des planches de bois grises, avec une lande en fleurs à l’arrière-plan.
Un vélo gravel gris et noir vu de profil côté droit. Le vélo est équipé de sacoches et d’un système d’hydratation. Il est posé sur des planches de bois grises, avec une lande en fleurs à l’arrière-plan.

Avec le montage final, je n’ai pu faire qu’un seul essai faute de temps. © Photo: privat

Le voyage

En camping-car vers le sud – quatre ou cinq longues journées d’étapes, 40 degrés, sans climatisation. Au moins : l’acclimatation à la chaleur espagnole est, pour l’instant, réussie. Mais plus le départ approche, plus la tension monte. La joie ? Absente. Au fond de moi, j’espère trouver une excuse pour ne pas avoir à prendre le départ.

Conseil : teste ton système d’hydratation en amont

Mon système d’hydratation s’est révélé peu pratique pendant la course : chaque fois que je sortais et remplissais la poche à eau dans le sac de cadre, c’était le chaos – il fallait tout réorganiser. La poche dans le sac à dos trop grand ne s’est pas montrée optimale non plus. Mon conseil : opte pour un petit sac à dos spécialement conçu pour l’hydratation, qui permette de remplir la poche sans avoir à la sortir. En route, j’ai souvent regardé avec envie combien cela fonctionnait bien pour d’autres cyclistes !

Mon set-up gravel

VÉLO

Mon Focus Atlas 8.7 Carbon Gravel Bike est équipé d’un groupe Shimano GRX 810 – plateaux 46/30T à l’avant et cassette 11–40T à l’arrière. Je roule avec des pneus Schwalbe G-One R de 45 mm.

CHANGEMENT DE CASSETTE 11–34 À 11–40

À la dernière minute, j’ai dû plonger dans des forums de mécanique et parcourir des vidéos YouTube pour comprendre comment faire fonctionner mon GRX 810 avec une cassette plus grande que la 11–34 standard. Les petits développements légers sont indispensables avec ce dénivelé, mais un groupe complet neuf me semblait trop cher.

Bilan : ça roule parfaitement ! Même sans RoadLink ni autres adaptations. La cassette reste un élément fixe de mon équipement, même après Badlands.

SACS

Dans mon sac de cadre complet, je transporte une poche à eau de 3 L, ma nourriture et mon matériel de couchage – un matelas et un sac bivouac d’urgence. Les petits objets comme l’électronique, les articles d’hygiène et autres vont dans le sac supérieur. Dans mon sac de guidon, il y a de la place pour ma doudoune ainsi que des manchettes et jambières. En plus, j’ai un sac fixé au tube diagonal pour les pièces de rechange. Et enfin, je porte un sac d’hydratation pouvant contenir jusqu’à 2,5 L d’eau et encore un peu de place pour des snacks.

Le départ : émotions partagées

L’un des moments les plus impressionnants et les plus beaux de la course est le départ :

Mon réveil sonne à 6 heures. La nuit a été misérable. Chargée de tout mon équipement, je me dirige vers la ligne de départ. Dans les rues sombres de Grenade, je vois sans cesse les feux arrière clignotants d’autres cyclistes. Une première impression de communauté. Au point de rencontre, j’échange quelques mots avec des connaissances et je dis au revoir à ma compagne. Je ne peux retenir quelques larmes. Puis le coup de départ retentit.

Dimanche matin, 8 heures. La ville dort encore, l’air est frais. La peur cède la place à un sentiment d’appartenance, d’impatience et de soulagement. Ça fait du bien. Je suis fière de faire partie de cet événement.

Un canyon poussiéreux et sablonneux. Une ligne télégraphique longe la route étroite en gravier, et un petit coin de ciel bleu apparaît en haut de l’image.
Un canyon poussiéreux et sablonneux. Une ligne télégraphique longe la route étroite en gravier, et un petit coin de ciel bleu apparaît en haut de l’image.

Un canyon poussiéreux et sablonneux. Une ligne télégraphique longe la route étroite en gravier, et un petit coin de ciel bleu apparaît en haut de l’image. © Photo: privat

Conseil : un entraînement global

1.     L’entraînement n’est pas toujours le même : accumuler des kilomètres ne suffit pas. On ne prépare pas une épreuve de gravel uniquement sur la route ou sur home trainer. La base, peut-être, mais tout ton corps doit s’habituer aux contraintes du offroad : vibrations, irrégularités, nids-de-poule. Il ne s’agit pas seulement d’endurcir ton assise, tes poignets doivent aussi s’adapter au terrain.

2.     L’ultra-cyclisme n’est pas seulement une épreuve physique, mais surtout un défi mental. Être en forme ne suffit pas – le plus grand challenge est dans la tête. Ta motivation pour une telle course doit être solide, et dans l’idéal, tu dois faire la paix à l’avance avec l’inconnu, l’incertitude et la solitude.

Photo de détail d’un sol désertique sec : boue craquelée et desséchée, marquée par des traces de pneus de gravel.

Le sud de l’Espagne est marqué par la chaleur et la sécheresse. © Photo: privat

Kilomètre après kilomètre vers la solitude

Il ne faut pas longtemps avant que d’autres cyclistes me dépassent. Mais cela me convient, je m’y étais préparée à l’avance. Pour moi, il est important de ne pas partir trop vite et de ne pas m’épuiser.

Cependant, après quelques kilomètres, cette acceptation laisse place à un sentiment d’isolement. J’ai (à tort) l’impression d’être parmi les dernières. Pendant des kilomètres, je ne vois personne et la solitude s’installe.

60,2 km et 04:58 h

Enfin du bitume et de la civilisation. Je m’arrête dans un bar, juste pour aller aux toilettes. À l’intérieur, des hommes boivent déjà leur première bière, il est encore tôt dans l’après-midi. Je me sens déplacée. Les toilettes ? Après des dizaines de cyclistes avant moi : rien de propre, avec en plus des dégâts d’eau. Je ressors vite et je repars.

77,4 km et 07:02 h

La première montée trop raide, la chaleur, les dalles de béton. Impossible à pédaler. Alors je pousse. À partir de là, ça devient vraiment dur. Les températures montent, le terrain devient impraticable : sable, sentiers ravinés, ravins poussiéreux. Mon manque d’expérience sur ce terrain me fait désespérer. Les premières larmes arrivent.

Dans un ravin, un cycliste m’aborde : il a perdu son téléphone. Son œil est injecté de sang, son anglais est limité. Il ne veut pas rouler seul. Moi, j’aspire à de la compagnie – mais nos rythmes sont totalement différents, et je n’arrive pas à lui faire confiance. Dans le village suivant, nous croisons d’autres cyclistes, et il se joint à eux.

Les villages le long de la route montrent peu de prospérité, et je me sens mal à l’aise. Dans le deuxième bar aussi, je m’arrête uniquement pour une pause toilettes – manquant (rétrospectivement) la première vraie chance d’un repas correct.

92,6 km et 08:42 h

Après presque neuf heures de course, je fais une pause à l’ombre d’un groupe d’arbres et j’envoie mon premier message vidéo à mes amis et à ma famille.
La portion de désert qui suit est insupportablement chaude. Pas un souffle de vent. Mon eau a le goût de boisson électrolytique avec une saveur de silicone. Je dois marcher beaucoup. Aucune énergie pour les montées. J’aspire au prochain village. Et à un Coca.

« C’est vraiment dur. Je viens de traverser un vrai coup de mou. Beaucoup de sable, j’ai poussé le vélo pendant deux kilomètres d’affilée. Dans ma tête, je me plains sans arrêt. »

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Déception et la dure vérité

127 km – 11 h 31

Presque douze heures de course. Il est un peu après 20 heures. J’avais tellement envie d’un cola et d’un repas. Mais dans la première auberge, il n’y a plus rien. Le kiosque ? Seulement du Cola Zero – non merci ! La réalité me frappe : je suis beaucoup trop lente. Je n’atteindrai pas mon objectif de la journée. Je me trouve devant le prochain tronçon du désert, sans savoir où je vais dormir. Tout me paraît incertain. Émotionnellement, c’est le premier grand coup de mou, marqué par le doute et les larmes. Après avoir parlé avec mon compagnon et ma famille, je décide de continuer à pédaler dans la nuit.

Dans l’obscurité, c’est plus supportable. La température descend à 23 degrés. La visibilité limitée m’aide à me concentrer uniquement sur les dix prochains mètres. Pas de longues côtes en vue, pas de pensées qui tournent en boucle. Ce qui me rassure et m’apporte de la sécurité la nuit, ce sont les feux arrière clignotants d’autres cyclistes au loin. Voilà de nouveau le sentiment de communauté et d’appartenance.

153 km – 15 h 50

Je roule jusqu’au prochain village pour y trouver un peu de sommeil. Je suis déjà à 17 heures de course. L’endroit que je choisis est très mal adapté et le repos n’est pas bon. Je ne me sens pas en sécurité.

185 km – 23 h 15

Presque 24 heures en route. Je suis épuisée. L’aube approche, mais la réalité est amère : toujours pas de vrai repas, presque pas de sommeil. J’avance à pas de tortue. Assise, j’ai mal. Debout, j’ai mal. En marchant aussi, j’ai mal.

206 km – 25 h 49

08 h 49 : la chaleur revient. J’ai envie de raccrocher le vélo. Mes émotions m’empêchent de penser clairement et les larmes coulent. La dernière montée pour sortir du désert, je la sens impossible à franchir même avec assez d’énergie. Raide, brûlante, interminable. Je veux arriver, mais je sais qu’il me reste encore des heures.

J’appelle mon compagnon. Je n’en peux plus. J’ai besoin de ses mots pour continuer à avancer. Mais le réseau coupe sans cesse, et à la fin je n’ai plus d’énergie pour réessayer.

Enfin. J’arrive en haut. Presque pas d’ombre, mais assez pour me ressaisir un instant. Badlands est une course en autonomie. Pourtant je transgresse la règle : je demande à mon compagnon de me réserver un hôtel à proximité. Avec mes derniers gels, j’arrive à rééquilibrer un peu mon énergie.

213 km – 26 h 54

Vingt-sept heures de course. Il est 11 h 54. Je n’en peux plus. Je ne veux plus continuer.

Gros plan par-dessus le poste de pilotage d’un vélo gravel, avec un compteur Wahoo Roam et des éléments d’un phare avant Knog Blinder.
Gros plan par-dessus le poste de pilotage d’un vélo gravel, avec un compteur Wahoo Roam et des éléments d’un phare avant Knog Blinder.

Bilan final : à 225,8 kilomètres, Badlands s’est terminé pour moi. © Photo: privat

Conseil : la musique

Je regrette de ne pas avoir écouté de musique. Je voulais la garder pour les moments difficiles. Mais j’ai raté le fait que j’étais déjà en plein dedans – et dans ce manège de pensées, il n’y avait plus de place.
La musique me porte. Peut-être qu’elle aurait atténué le débordement, ou au moins l’aurait retardé.

Conseil : VTT plutôt que gravel

Pour ce type d’épreuve, mieux vaut un VTT qu’un vélo de gravel. Tu ne peux rouler vite ni en montée ni en descente. Alors autant profiter de la suspension, du confort et des développements plus légers.

Conseil : repas nourrissants et pauses réparatrices

Si tu ne vises pas le top 10 dans une telle épreuve d’ultra-cyclisme et que tu es en route pendant plusieurs jours, à mon avis tu ne devrais pas négliger des pauses raisonnables avec une alimentation suffisante. Bien sûr, il faudra souvent éteindre la tête et continuer à pédaler, mais ton corps a besoin d’énergie et de récupération.

Le moment de la décision : abandonner ou continuer ?

L’hôtel est réservé. J’emprunte le chemin pour y aller. Google Maps m’envoie dans un ravin, un chien me poursuit et je n’ai aucune idée si j’y arriverai. Le trajet est aussi horrible que tout ce qui a précédé.

À l’hôtel, c’est clair : j’abandonne. Repartir dans l’isolement ? 80 à 100 km sans village, sans eau ? Inimaginable. Rien que d’y penser me fait pleurer.

Je prends une douche à l’hôtel, je dors et je mange pour la première fois un vrai repas. Ensuite, je vais à la réception et je commande un taxi pour retourner à mon camping à Grenade. Je n’en peux plus. Je ne veux plus continuer.

Repos, alimentation, progression, sommeil, sentiment de sécurité – tout s’est déroulé autrement que prévu.

Un vélo gravel gris poussiéreux avec sacoches de cadre est posé dans le coffre d’un break, sur une couverture rayée rouge et blanche.
Un vélo gravel gris poussiéreux avec sacoches de cadre est posé dans le coffre d’un break, sur une couverture rayée rouge et blanche.

Les chauffeurs de taxi de la région sont étonnamment bien préparés à transporter des vélos poussiéreux. © Photo: privat

Que reste-t-il de Badlands ?

Je pensais que cela ressemblerait à un échec. Mais en revenant au camping-car, je ne ressens qu’une seule chose :

Du soulagement. Aucun regret. Aucun remords. Juste la certitude qu’abandonner peut parfois aussi être une forme de victoire.

Je me réjouis des vacances, je suis reconnaissante pour chaque kilomètre et fière d’avoir dépassé mes limites. Et je suis simplement soulagée que la pression soit partie. Plus d’entraînements, plus de stress, plus de surcharge. C’est agréable que mon hobby puisse redevenir un plaisir. Et cela ne ressemble pas à un abandon, mais à une réussite. Être arrivée jusqu’ici, c’est ma réussite.

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Badlands 2024 en rétrospective : mes apprentissages et conclusions

Douze mois plus tard

je repense à Badlands – une expérience qui m’a marquée bien plus que je ne l’avais imaginé. Elle m’a mise au défi, m’a poussée au-delà de mes limites et m’a en même temps appris l’humilité. Depuis, j’ai relativement peu roulé, mais peut-être que c’est bien ainsi. Parfois, il faut prendre du recul pour retrouver la joie.

Et malgré tout :

Je suis fière. Fière d’avoir reconnu et respecté mes limites physiques et mentales. Les épreuves et courses d’ultra-distance ne sont pas une approche en douceur, mais souvent un dur combat contre soi-même. Et c’est justement ce qui leur donne de la valeur. J’ai énormément appris – sur la gestion de l’entraînement, sur mon corps et sur mon vélo.

Si je devais changer quelque chose,

ce serait la préparation mentale. Les kilomètres en selle sont importants, mais au final c’est aussi ta tête qui décide jusqu’où tu peux aller. Les limites sont souvent mentales, les pauses plus importantes que la perfection, et parfois il faut plus que de la seule volonté pour continuer.
Et pourtant, malgré les difficultés, il y a eu des moments magiques : la communauté, les paysages incroyablement beaux, rouler dans l’obscurité et les petites rencontres autour d’un tel événement qui rendaient les choses plus légères. Sans oublier le soutien de ma famille et de mes ami·e·s restés à la maison.

Si toi aussi tu envisages de courir une telle épreuve,

fais-le ! L’ultra-cyclisme n’a pas besoin d’être impitoyable. Si tu veux y aller progressivement, il existe de nombreuses alternatives intéressantes : des événements de bikepacking plus courts, des courses de gravel exigeantes ou des randonnées de plusieurs jours où tu fixes ton propre rythme. Il n’y a pas qu’une seule façon de vivre l’aventure.

Pour moi, la prochaine saison signifie avant tout une chose : faire du vélo par plaisir, et non par contrainte. Des coffee rides, du beau temps, des gens agréables. Et honnêtement ? Mon terrain préféré reste l’asphalte lisse, légèrement en descente.

Est-ce que je retenterai un jour ?

Qui sait. Mais si je le fais, ce sera avec une meilleure préparation, un état d’esprit plus clair et la même curiosité pour la nouveauté et le défi.

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FAQ : ultra-cyclisme et Badlands

Quel équipement faut-il pour Badlands ou pour l’ultra-cyclisme en général ?

Pour Badlands, tu dois absolument avoir un équipement de bikepacking fiable : un gravel robuste, des sacoches légères et imperméables, des pièces de rechange (par ex. chambres à air, plaquettes de frein), un bon système d’éclairage (idéalement une lampe de casque, une lampe avant sur le vélo et un feu arrière), un GPS, une powerbank et suffisamment de bidons. Des vêtements adaptés sont également essentiels – surtout en raison des différences extrêmes de température entre le jour et la nuit.


Quel gravel est adapté pour la course d’ultra-cyclisme Badlands ?

Un vélo sur lequel tu te sens en sécurité et à l’aise pendant de longues heures sur des terrains cahoteux. Un bike fitting est fortement recommandé. Un gravel robuste et confortable, avec une large plage de développements et des pneus de 40 à 50 mm, est l’idéal. La stabilité et la fluidité sur les longues sections de gravier sont importantes, tout en restant assez léger pour les montées raides. Certain·e·s ont même pris le départ avec un VTT. Pour ma part, je privilégierais la suspension la prochaine fois.


Comment se préparer physiquement et mentalement pour Badlands ?

Le mieux est de combiner un entraînement d’endurance long avec des sorties gravel sur des terrains très irréguliers (!!), des intervalles et des randonnées de plusieurs jours. Cela habitue ton corps aux efforts prolongés. Mentalement, il est utile de t’exercer à la solitude ou aux petites crises déjà à l’entraînement. Le manque de sommeil, en revanche, ne doit pas être pratiqué pour des raisons de santé. Et surtout, teste ton matériel et ta nutrition à l’avance, pour éviter les mauvaises surprises en route.


La course Badlands est-elle aussi adaptée aux débutant·e·s ?

Badlands fait partie des courses d’ultra-cyclisme les plus dures d’Europe et n’est donc pas faite pour des débutant·e·s absolu·e·s. Mais si tu as déjà roulé de longues distances, que tu as de l’expérience en bikepacking et que tu te prépares spécifiquement, tu peux aussi la relever en tant que débutant·e ambitieux·se.


Comment gérer le manque de sommeil et la solitude en ultra-cyclisme ?

Prévois à l’avance si tu veux faire de courtes micro-siestes ou suivre une stratégie de sommeil fixe. Écoute ton corps plutôt que de t’accrocher aveuglément au plan. Contre la solitude, la musique, les podcasts ou de petites routines mentales peuvent aider. Le plus important : une attitude positive et ton « pourquoi » personnel, qui te portera même dans les moments les plus difficiles.


Quels conseils pour la navigation et la nutrition en route ?

Un GPS fiable est indispensable – et une sauvegarde sur ton smartphone. Organise ta nourriture pour qu’elle soit légère, riche en calories et tolérable même par forte chaleur. Beaucoup de cyclistes misent sur un mélange de barres, de gels, de comprimés de sels et de ravitaillements locaux en chemin. Et surtout : toujours avoir assez d’eau et vérifier à l’avance où tu pourras remplir.